toiture charpente bois

La construction bois… qu’en est-il du risque incendie ?

Cet article intéresse les lecteurs qui, comme certaines personnes de mon entourage, restent dubitatifs sur les capacités de la construction bois – maisons individuelles ou immeubles collectifs – face au risque d’incendie.

Construction bois : quelles normes?

En premier lieu, la réglementation française définit des exigences de réaction et de résistance au feu des matériaux de construction ainsi que de réalisation des bâtiments, en fonction:

  • de leur destination
  • de leur capacité d’accueil – établissements recevant du public
  • de leur hauteur
  • de la présence de risques particuliers liés au stockage de produits inflammables

Ces normes nécessitent un niveau de performance qui peut être atteint par différents matériaux de construction. Ces derniers sont soumis à des tests, classés selon des critères qui décrivent leur contribution au développement du feu, la dangerosité des fumées dégagées, enfin la production associée de gouttelettes enflammées. Les matériaux perdent leurs performances mécaniques selon le temps d’exposition aux flammes ou à la chaleur, se fissurent, éclatent.

Or le bois, dans son comportement au feu, présente des qualités propres :

  • il se consume lentement
  • il conserve longtemps une bonne résistance mécanique
  • il transmet peu la chaleur
escaliers bois

Construction bois : une réticence injustifiée?

Malgré les performances du bois sur les plans technique, environnemental et esthétique, combien de professionnels de la construction ou maîtres d’ouvrage restent réservés sur son utilisation dans l’ossature ou l’habillage des bâtiments ?

Leur jugement serait-il biaisé par l’association d’idées « bois / feu » correspondant à l’emploi du bois de chauffage, aux images d’incendies de milliers d’hectares de forêts en Californie ou en Australie, de centaines d’hectares dans notre pays, et par la destruction qui s’en suit des constructions proches, qu’elles soient en bois ou en maçonneries ?

La perception à l’origine des réserves vis-à-vis des constructions en bois peut certainement se modifier en se confrontant aux techniques à ce jour développées pour limiter en nombre et en intensité les incendies dans les constructions, particulièrement celles en bois.

Des incendies souvent issus d’installations électriques

Dans l’habitat, les sources d’incendiesont pour la plupart électriques (installation ou équipement), ou dues à l’insuffisance d’isolement ou d’entretien des conduits de cheminée. Dans l’industrie elles sont essentiellement électriques (installation ou équipement), relatives à des travaux par «point chaud» (soudure) ou avec production d’étincelles (découpe) ou encore consécutives à la réaction d’agents chimiquesmis en présence de façon accidentelle.

D’autre part une négligence ou un acte de malveillance restent une cause courante de départ de feu par l’inflammation d’un objet à proximité d’une source de chaleur (cheminée, poêle, convecteur, etc.) à l’intérieur du bâtiment. Alimenté par le mobilier ou contenu proche, l’incendie atteint les éléments d’aménagement intérieurs avant d’affecter la structure porteuse. L’intensité de combustion et la rapidité de propagation ne résultent pas des seules quantité et qualité des matériaux exposés aux flammes. La présence d’oxygène dans les locaux ou son apport par l’extérieur est déterminante.

Qu’en est-il des moyens de prévention ?

En zone forestière ou boisée particulièrement sensible notamment en période de sècheresse, après le traitement de la végétation aux abords des constructions, les mesures préventives concernent:

  • les réserves de matériaux inflammables tels le bois de chauffage, le gaz ou de fioul en cuves le véhicule personnel : à positionner à l’écart du bâtiment et de la progression probable d’un feu extérieur
  • les vitrages qui peuvent éclater sous l’intensité de la chaleur permettant la propagation du feu à l’intérieur du bâtiment : à protéger par des volets (en bois par exemple)
  • les toitures et façades : par des agencements de matériaux qui empêchent la propagation du feu d’un élément à l’autre.
architecture-bois

Construction bois : quel risque incendie réel?

Les techniques de construction, dont la mise en œuvre du bois, répondent au risque incendie notamment par les moyens suivants :

  •    la suppressions des passages d’air dans l’enveloppe du bâtiment, en particulier les jonctions façade/plancher et les encadrements de fenêtres et portes,
  •      des recouvrements entre éléments constitutifs de l’enveloppe du bâtiment, le non-alignement des joints,
  •      la mise en Å“uvre d’un écran protecteur entre le revêtement extérieur de façade (bardage bois par exemple) et les matériaux d’isolation thermique (pouvant être biosourcés),
  •    le renfort de la résistance au feu du matériau de couverture (toiture) par interposition d’ un écran de protection au-dessus d’un isolant constitué en matériau combustible,
  •    les épaisseurs de matériaux mis en Å“uvre
  •    le traitement ignifuge des matériaux

Construction destinée à l’activité industrielle

Enfin de nombreuses mesures concourent à la sécurité incendie dans les grands bâtiments et dans les locaux d’activité industrielle- en dehors de l’organisation de l’activité et la prévention -, par exemple:

  •    Le fractionnement des espaces construits en éléments isolés les uns par    rapport aux autres
  •    L’aménagement de zones d’attente avant l’intervention des secours,
  •    La séparation des locaux à risque: local technique électrique, magasin de stockage, chaufferie, local de rechargement de batteries, local déchets…
  •    Les systèmes de détection incendie et d’intervention (systèmes      d’extinction automatiques, colonnes sèches et humides)

Pour conclure, l’utilisation du bois de par ses qualités intrinsèques y compris vis-à-vis du risque incendie est reconnue pertinente. Il en est ainsi pour un grand nombre de réalisations, de rénovations, d’agrandissements, jusqu’aux immeubles de grande hauteur. Le développement de l’usage du bois est d’un grand intérêt car, ressource disponible, il est produit en France pour des besoins actuellement inférieurs au potentiel de la filière.

Et si la construction bois devenait votre projet?

Vous initiez un projet immobilier ? Réunissez les acteurs compétents et étudiez avec eux sa faisabilité, notamment en bois !  En fonction des ressources disponibles localement pour votre projet, une structure en bois et un remplissage en matériaux biosourcés offrent une alternative avantageuse sur les plans technique, environnemental et esthétique. Pour ma part, en tant que chef de projet AMO, mon rôle auprès des maîtres d’ouvrages (entreprises, collectivités, particuliers), est de porter à leur connaissance les solutions en phase avec l’objectif de leurs investissements. A cet effet je mobilise et pilote les expertises utiles au cours projet, jusqu’à son aboutissement.

Sources:

Comité national pour le développement du bois

https://www.bois.com/maison/construction/construction-bois-incendie

 EnviroBOITE- Centre de ressources par et pour les professionnels de la construction, de la réhabilitation et de l’aménagement durables

https://www.enviroboite.net/construire-durable-en-zone-a-risque-d-incendie-de-foret

 Comportement au feu de matériaux – Matériauthèque Ensad -2008

https://www.ensad.fr/sites/default/files/mars-2008_0.pdf

 INRS Prévention des risques incendie dans les lieux de travaux

http://www.inrs.fr/risques/incendie-lieu-travail/ce-qu-il-faut-retenir.html

 Préventica -Magazine d’actualités de la Santé, de la Sécurité et de la Qualité de Vie au Travail

https://www.preventica.com/dossier-risque-incendie-causes-consequences.php

[Article écrit avec le soutien rédactionnel père-fille de J-M Nogué – 40 années d’expertise auprès des compagnies d’assurance]